« Les anniversaires, c’est un bon moment pour faire une photo. Cela peut être utile, et pas que pour nous », a déclaré en introduction Frédéric Giroir, directeur général d’Allibert Trekking, en présentant les résultats de l’étude.

86% des personnes interrogées déclarent avoir voyagé au cours des deux dernières années. Que ce soit pour un week-end, un séjour prolongé en France ou une escapade à l’étranger, avec ou sans hébergement payant. Parmi elles, 56 % affirment avoir franchi les frontières, principalement pour des destinations européennes proches. « Nos clients voyagent plus fréquemment, pour des séjours plus courts, ce qui favorise mécaniquement les destinations accessibles en moins de quatre heures d’avion », explique Frédéric Giroir.

Les agences de voyages, essentielles pour des voyages complexes

Si 86 % des voyageurs organisent eux-mêmes leurs séjours, les agences et tour-opérateurs restent essentiels pour les voyages plus complexes. « L’autonomie est une tendance de fond, mais dès qu’il y a de la valeur ajoutée, le rôle de l’agence reste indispensable », analyse le DG d’Allibert Trekking. Selon l’étude, 27% des personnes interrogées passent par une agence de voyages. Un chiffre qui grimpe à 34% pour des séjours hors Europe.

Autre enseignement, la personnalisation se confirme comme une attente centrale. « Le voyage devient mon voyage et une expérience unique », poursuit Frédéric Giroir qui observe une demande croissante de flexibilité et de sur-mesure. Avec par exemple la possibilité de combiner randonnée et confort, immersion locale et repos. Découverte, immersion culturelle, reconnexion à soi ou aux autres, activités de pleine nature… autant d’éléments qui prennent de l’importance, en particulier chez les jeunes générations.

« L’expérience compte davantage que la distance »

Experte en tourisme, Marie Allantaz observe la même dynamique à l’échelle internationale. « Le tourisme de transformation progresse plus vite que le tourisme purement récréatif. On assiste à une bascule. Moins loin mais plus intense. L’expérience compte davantage que la distance », résume-t-elle.

Une large majorité des Français (84%) estime que leurs habitudes de voyage vont évoluer dans les 25 prochaines années. Deux facteurs principaux sont cités spontanément : l’économie (35%) et l’écologie (32%). D’autres facteurs, comme les évolutions sociales ou géopolitiques, interviennent également, mais de manière moins importante.

Sensibilité à l’impact environnemental

Les changements attendus concernent la fréquence des voyages (75%), le choix des destinations (73%), la durée des séjours (70%), les modes de transport (68%), le type de voyage réalisé (séjour nature, sportif – 64%) et le type d’hébergement (61%). « On observe une sensibilité croissante à l’impact environnemental, avec une préférence pour des destinations locales et des transports moins polluants », souligne Thomas Genty, représentant de l’institut ViaVoice.

Globalement, les Français envisagent un futur du voyage plus réfléchi et diversifié, influencé à la fois par des contraintes externes et par des choix personnels guidés par de nouvelles priorités économiques et écologiques. « C’est une formidable opportunité pour les acteurs du tourisme de proposer des formats modulaires, bas carbone et centrés sur l’humain », synthétise Marie Allantaz.

Le prix et la sécurité restent les critères déterminants

À la question de savoir quels sont les critères déterminants à l’avenir lors d’un choix de voyage, sans surprise, le prix (62%) et la sécurité des destinations (61%) restent les premiers motifs de décision. Ils sont suivis par l’accessibilité en transport (56%), le climat (54%) et le confort (53%). Autant d’éléments placés bien au-dessus de l’impact écologique des voyages, dont seulement 38% jugent qu’il tiendra une place plus importante à l’avenir.

Concernant l’intérêt pour les différents types de voyages, les envies se tournent d’abord vers la dimension culturelle du voyage (80%). La nature (64%) et l’écoresponsabilité (61%) arrivent dans un second temps. Enfin, l’activité physique (49%) et l’aventure (40%) arrivent en dernière position.

Coolcation, staycation et workation

Par ailleurs, certaines tendances émergentes séduisent. C’est le cas du phénomène de la coolcation. Rechercher la fraîcheur plutôt que la chaleur, plébiscitée par 67% des répondants, surtout les moins de 35 ans. Le staycation, voyager près de chez soi, est apprécié par près de la moitié des Français (46%). Enfin, le workation, travailler depuis son lieu de vacances, séduit plus d’un tiers des Français.

Cette étude montre aussi que les voyageurs sont largement favorables à des mesures incitatives. Celles qui récoltent le plus d’adhésion consistent à encourager les agences de voyages à proposer des offres locales (87%) et sensibiliser les voyageurs à l’importance de réduire leur impact environnemental (82%). Des mesures plus restrictives recueillent aussi un soutien non négligeable. C’est le cas des quotas environnementaux et ne pas autoriser les voyageurs à accéder à certains endroits si le quota est atteint (67%), les droits d’entrée pour protéger les sites (66%), le permis de randonnée (56%). Seule la taxe sur les billets d’avion reste clivante (47% d’avis favorables).

Inflation, empreinte carbone, enjeux géopolitiques, le voyage se transforme sous l’effet de multiples pressions. Comme l’explique Marie Allantaz, « cette nouvelle donne mondiale conduit à une consommation plus réfléchie, avec une double dynamique. D’un côté, le premium de proximité se développe, avec des Français en quête d’expériences intenses et qualitatives à seulement 100 ou 200 kilomètres de chez eux. De l’autre, le grand voyage devient plus assumé, coûteux, mais pensé comme un investissement émotionnel et culturel ».

https://www.lechotouristique.com/article/27-des-francais-passent-par-une-agence-de-voyages-etude