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Actualités / Coachs/influenceurs vs agences de voyages : « Il y a des zones grises »
Le thème ultra-sensible des coachs voyages s’est invité dans les débats lors de l’opération Confluence du tourisme, organisée par les Entreprises du Voyage Centre Est. Le syndicat national appelle à une clarification des textes qui réglementent la profession d’opérateur de voyage.
Immatriculation, garantie financière… Les agences de voyages ont de nombreuses obligations légales, qui les engagent à l’égard des voyageurs. En parallèle, sur les réseaux sociaux, des coachs et autres influenceurs tentent de séduire des voyageurs sans offrir de garantie en cas d’imprévus. S’agit-il d’une nouvelle forme de concurrence déloyale ? Pas forcément.
Telle une vigie pour la profession, les Entreprises du Voyage (EdV) surveillent le marché pour lutter contre l’exercice illégal de l’activité d’opérateurs de voyage (lire l’encadré ci-dessous). Or si le syndicat prépare bel et bien deux actions judiciaires pour 2024, elles ne concernent pas des coachs ou des influenceurs. Ces deux actions visent l’exercice illégal de voyagistes en ligne non-immatriculés, nous confie Guillaume Beurdeley, secrétaire général adjoint du syndicat.
Valérie Boned © LL
Les EdV espèrent une clarification
Le sujet des coachs voyages n’est pas simple, d’autant que les textes qui réglementent la profession demeurent nébuleux. « Il y a des zones grises », regrette Valérie Boned, présidente des EdV. « Nous avons des textes qui sont plutôt moins clairs aujourd’hui qu’autrefois », a abondé Guillaume Beurdeley lors de l’événement Confluence du tourisme à Lyon le 25 mars.
Depuis 2018 et la transposition de la directive européenne sur les voyages à forfait, doivent s’immatriculer ceux qui « vendent » ou « offrent à la vente » des prestations de voyage. « Ce qui crée parfois des divergences d’appréciation », a relevé Valérie Boned. Dans le cadre de la simplification administrative voulue par l’Etat, les EdV ont donc demandé un retour à l’exigence d’avant 2018, inscrite dans le Code du tourisme, qui imposait l’immatriculation à ceux qui « participent à la vente, quel que soit son mode de rémunération ». « Cette définition avait le mérite d’être nettement plus claire », ajoute Valérie Boned qui pointe aussi les risques encourus par les clients passant par des opérateurs non immatriculés. « Nous ne sommes pas dans une protection poujadiste de notre métier », tient-elle toutefois à préciser.
La « doctrine » des EdV
En attendant l’éventuelle « clarification des textes » par la simplification, les EdV se sont construites une « doctrine ». Selon le syndicat, celui qui va jouer le rôle d’intermédiaire en réservant des prestations devra être immatriculé. Celui qui se contente d’écrire un carnet de voyage personnalisé pour un voyageur – sans rien réserver pour son client – n’aura pas besoin de l’être.
Guillaume Beurdeley, Valérie Boned, Yannick Faucon © LL
A quel moment, franchit-on la ligne rouge ? Guillaume Beurdeley nous a répondu en illustrant son propos. Quand la plateforme VoyagesPirates oriente les internautes vers des partenaires, elle n’a pas besoin d’être immatriculée. C’est en général un modèle de CPC (coût par clic). En revanche, si un « coach » envoie un lien de réservation d’hôtel, et perçoit ensuite une commission sur la réservation, il doit être immatriculé. Parce qu’en substance, il joue un rôle d’intermédiaire, précise Guillaume Beurdeley.
Dénigrement ou collaboration ?
Au-delà des questions purement juridiques, Franck Chaput, le président des délégués régionaux à l’APST, a évoqué un autre problème qui l’irrite : certains coachs dénigrent les agences de voyages sur les réseaux sociaux. Franck Chaput appelle donc à plus de respect mutuel. D’autres professionnels, participant à l’événement Confluence du tourisme, estiment pour leur part qu’il est temps d’enterrer la hache de guerre. Et de voir comment les agences traditionnelles et les coachs, si habiles sur Instagram, peuvent travailler ensemble…
Les 25 et 26 mars 2024, Confluence du tourisme a réuni 110 professionnels à bord du MS Rhône Princess de CroisiEurope. Son organisateur Yannick Faucon, président des EdV Centre, prévoit déjà une deuxième édition en 2025, avec l’aide précieuse de son vice-président Philippe Lefur. Et si des coachs étaient conviés, pour qu’ils expliquent leur métier ?
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Commerce illégal : le bilan 2023 des EdV
Le commerce illégal est aussi vieux que le métier d’agent de voyages. La profession s’est organisée en conséquence. La délégation « commerce illégal » des EdV encourage ses adhérents à signaler « toute situation » suspecte d’opérateurs de voyage non immatriculés. S’il y a effectivement un exercice illégal, un courrier de mise en demeure est envoyé. Et quand l’opérateur ne donne pas suite ou ne cesse pas son activité, le dossier part à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP).
En 2023, 90 dossiers ont été ouverts, la plupart provenant de signalements d’agences adhérentes. 53 dossiers ont été réglés suite à une simple mise en demeure des EdV, 36 transmis à la DDPP. Un dossier a fait l’objet d’une saisine (Evasion Voyage/ Voyageons Ensemble) devant le tribunal correctionnel. Et ce, suite à une action judiciaire initiée par les EdV. Deux actions judiciaires sont en cours de préparation, contre des voyagistes non immatriculés.
Coachs/influenceurs vs agences de voyages : « Il y a des zones grises » (lechotouristique.com)