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Actualités / Île Maurice: le grand match des compagnies aériennes pour l’hiver
Entre renforts de fréquences, nouveaux appareils et repositionnements stratégiques, la concurrence aérienne entre la France et l’île Maurice s’intensifie sur l’hiver 2025-2026 qui s’ouvre. Air France, Air Mauritius, Corsair et Emirates se livrent une bataille du ciel sur une destination toujours aussi stratégique pour le marché français. On fait le point.

Deux A380 et un 777… par jour! Depuis lundi 1er décembre, Emirates enfonce le clou vers l’île Maurice en opérant un troisième vol quotidien depuis Dubaï. Alors que s’ouvre la haute saison vers l’océan Indien, l’Île Maurice confirme son statut de destination long-courrier phare – et très disputée – pour le marché français, entre compagnies historiques, offensives des transporteurs du Golfe ou encore montée en puissance de Corsair. Et ce, malgré une baisse significative du volume d’affaires selon le baromètre des destinations établi para Orchestra pour L´Écho touristique pendant les vacances de Noël.
Air France-Air Mauritius: le duo historique se renforce pour hiver
La desserte historique entre Paris et Maurice repose toujours sur la joint-venture entre Air France et Air Mauritius. Les deux compagnies opèrent un vol quotidien ensemble au départ de Paris-Charles de Gaulle. Le tandem structure l’essentiel du trafic direct entre la France et l’île. En premier lieu, Air France indique adapter sa capacité selon la saison, avec jusqu’à 10 vols hebdomadaires en pointe hiver, contre 3 vols par semaine pendant l’été. La compagnie maintient toutefois une présence commerciale annuelle via le codeshare avec Air Mauritius. En hiver, la ligne est opérée en Airbus A350-900 (34 sièges business, 24 premium, 266 economy). L’été, elle est assurée en Boeing 777-300, avec 14 sièges business.
De son côté, Air Mauritius opérera pour l’hiver 2025-2026 un vol quotidien direct et de nuit à l’aller comme au retour. L’aller part de CDG à 16h20, avec une arrivée à Maurice à 6h35 le lendemain matin. Dans l’autre sens, le retour s’envole de Maurice à 22h35 pour une arrivée à CDG à 7h35. Avec Air France, son partenaire depuis vingt-cinq ans, l’offre est portée jusqu’à 17 vols directs hebdomadaires en période de pointe, grâce aux vols opérés en partage de code. La compagnie mauricienne met en avant une flotte modernisée, composée d’Airbus A350-900 et A330-900neo. « À bord, une trousse de confort est offerte à tous les passagers de la classe économique, qui bénéficient également d’un vaste choix de divertissements incluant le wifi », précise le service de communication.
Ceci alors qu’Air Mauritius tente de sortir de plusieurs années très compliquées, et se cherche un nouveau partenaire capitalistique. La récente nomination d’un nouveau directeur général, André Vinjoen, est perçue par les professionnels du secteur comme un signal de stabilisation. « Air Mauritius traverse encore des difficultés, mais je suis assez confiant. L’Île Maurice a besoin de sa compagnie nationale et va la préserver. Nous avons une excellente relation avec la direction française, qui fait un travail remarquable. L’arrivée du nouveau CEO apporte un élan nouveau et un apaisement bienvenu », indique Yann Lloret, directeur des ventes et du marketing France–Belgique du groupe hotelier Sunlife.
Corsair: six vols hebdomadaires et une ambition renforcée
Troisième acteur de la ligne, Corsair poursuit au départ d’Orly son déploiement vers Maurice avec une présence désormais bien installée. « Sur la haute saison, nous offrons aujourd’hui quatre vols directs hebdomadaires entre Paris et Maurice — le mercredi, vendredi, samedi et dimanche — auxquels s’ajoutent deux vols en “bretelle” Lyon–Marseille–La Réunion–Maurice. Au total, cela fait donc six vols hebdomadaires sur Maurice », détaille Pascal de Izaguirre, PDG de la compagnie.
L’été 2025 a marqué une évolution stratégique, avec l’exploitation pour la première fois d’un vol direct estival Paris-Maurice, en dehors des rotations via La Réunion. Une expérience jugée concluante, au point que la compagnie envisage déjà deux vols directs à l’été 2026.
« Le niveau de concurrence est élevé, avec Air France, Air Mauritius en joint-venture et Emirates qui renforce aussi sa présence. Pour autant, la ligne performe très bien pour Corsair. À ce stade, il y a clairement de la place pour nous », estime le dirigeant.
Dubaï, La Réunion: le rôle clé des plateformes régionales
Face aux compagnies européennes, Emirates joue un rôle de plus en plus structurant dans l’accès à l’Île Maurice pour le marché français via une correspondance à Dubaï. La compagnie propose désormais jusqu’à trois vols quotidiens, soit environ 1 300 sièges par jour, avec des possibilités de départ depuis Paris, Lyon et Nice.
« Nos deux vols quotidiens en A380 ont été un succès majeur contribuant largement à la croissance de l’industrie touristique du pays. Ce vol supplémentaire opéré par notre Boeing 777 augmente la capacité de plus de 30%. Et il offre davantage d’options de voyage aux passagers loisirs et affaires », commente Adnan Kazim, directeur commercial d’Emirates. À noter que la compagnie a elle aussi récemment renouvelé son partenariat de partage de codes avec Air Mauritius.
France: près d´un vol sur trois part toujours en retard.
À ces liaisons s’ajoute enfin la connexion très dense avec La Réunion, première route régionale au départ de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam et intéressante dans le cas de combiné entre les deux « îles sœurs ». Air Mauritius et Air Austral y opèrent chacune jusqu’à trois vols quotidiens, et Corsair deux vols par semaine.
Étirement de la saison et concurrence australe
Dernier enseignement du marché : historiquement concentrée entre octobre et avril, la haute saison mauricienne tend désormais à s´étaler sur l’ensemble de l’année. « On vend de plus en plus juillet, août et septembre. Nous avons réalisé un très bon été, avec une progression de 20% sur le marché français par rapport à l’année précédente », observe Yann Lloret. « La haute saison mauricienne reste l’hiver austral, mais on constate une vraie tendance à l’étalement de la demande. De plus en plus de Français partent à l’Île Maurice l’été », confirme Pascal de Izaguirre, évoquant aussi le fort taux de repeaters sur l’île.
À noter enfin que la destination n’échappe pas à la concurrence aérienne avec les autres îles phares de l’océan Indien. De l’avis des professionnels du tourisme spécialistes de l’île, le contexte conjoncturel devient de plus en plus contraint. Les réservations se font davantage en dernière minute, les arbitrages budgétaires deviennent plus serrés. Et la pression sur les prix est forte.
« Maurice reste perçue comme plus chère, surtout au départ de la France »
« Les Maldives, les Seychelles ou encore Zanzibar bénéficient de capacités aériennes très agressives, notamment via les compagnies du Golfe. Ce qui tire fortement les prix vers le bas. Maurice reste perçue comme plus chère, surtout au départ de la France. Et y compris face à d’autres destinations lointaines comme la Thaïlande, la République dominicaine ou le Mexique », analyse Yann Lloret.
« Malgré ces prix élevés, les capacités sont bonnes entre la France, notre premier marché émetteur, et l’île. L’offre est fluide. Le code share Air France/Air Mauritius depuis CDG est parfait en quotidien. Il ne nous manque plus qu’un vol quotidien depuis Orly », conclut-il.
Tourisme à Maurice: des arrivées dynamiques en 2025
Sur les dix premiers mois de 2025, Maurice affiche une progression globale de +3,7% des arrivées touristiques, tous marchés confondus, par rapport à 2024. La France demeure le premier marché émetteur avec 23% des arrivées, devant le Royaume-Uni (11%).
Dans le détail, le marché français recule légèrement (-1,3%), tout comme le marché britannique (-0,5%). À l’inverse, plusieurs marchés émergents affichent de fortes croissances : Italie (+15%, porté par la nouvelle liaison Rome–Maurice opérée par ITA), Espagne (+19%), République tchèque (+21%)…
Île Maurice : le grand match des compagnies aériennes pour l’hiver








